ABOLITION DE L’ESCLAVAGE

Le 10 mai à Villers-Cotterêts. La date ne correspond pas exactement à celle du décret d’avril 1848 abolissant l’esclavage officiel soutenu par un raciste d’État. Mais c’est la date retenue depuis 2006 pour célébrer l’abolition de l’esclavage, crime contre l’humanité. Le lieu, Villers-Cotterêts, n’a pas de lien avec l’initiateur de ce décret, Schoelcher, journaliste devenu député de Martinique qui siégea à gauche de l’hémicycle. Mais les commémorations sont faites de symboles, Villers-Cotterêts a vu mourir le général Dumas, esclave affranchi, héros de la Révolution qui s’est opposé au dictateur montant Napoléon et la ville a vu naître son fils, Alexandre, l’écrivain universel. Au château de Villers-Cotterêts, François 1er édicta en 1539 l’ordonnance qui substitua au latin le français dans les actes civils. Le château est en ruines mais l’État s’est engagé par la voix de son président à le restaurer pour en faire le siège d’un centre dédié à la francophonie. La commémoration du 10 mai 2019 se voulait consensuelle avec le regroupement de politiques allant de l’extrême-centre à l’extrême-droite. Notons l’absence d’élus de gauche et la faible participation des militants des droits humains ! Même le maire de Villers-Cotterêts, pourtant encarté au Rassemblement national, s’est fendu d’un discours sur l’esclavage « que toutes les nations ont pratiqué » ! Le député ReM, champion de l’éloquence, a développé un long discours sur l’humanisme, la tolérance puis plus tard, devant les caméras, sur les droits de l’Homme. Le sénateur LR a lu le récit d’un esclave. Enfin… Tout ce beau monde s’est dit anti-esclavagiste et non-raciste et pourquoi pas féministe et solidaire des réfugiés ! Peut-être était-ce l’influence de la jolie gerbe de fleurs fraîches multicolores que la Ligue des droits de l’Homme a offerte avec la mention « pour les droits de toutes et tous » ? Une jeune fille m’a demandé de la porter et c’est elle qui l’a déposée au pied de la plaque commémorative du général Dumas, un peu d’espoir… L’événement n’a donc pas échappé aux batailles politiciennes, celle du moment, les européennes et celle à venir, les municipales de l’an prochain. Mais pourtant, les beaux discours ne seront pas suivis d’actes concrets car la majorité parlementaire continuera à voter des lois liberticides et xénophobes et nos élus continueront leurs batailles contre le soi-disant islam politique ou contre l’islam tout court. Ils organiseront le paiement par les pauvres des folies des plus riches. Les réfugiés ne seront pas mieux accueillis, la solidarité ne sera pas moins réprimée. La date du 10 mai devrait être celle d’actes concrets comme par exemple la légalisation de toutes les femmes sous menace d’excision ou un assouplissement de l’asile. Ce serait la date de la dénonciation de l’arrogance des ultras-riches, déresponsabilisés des conséquences sociétales de leur ultra-puissance. Ce serait une date pour dénoncer toute forme de servitude…

Y Champain

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