Droit de réponse
Dans le Villers-Info du mois d’octobre est publiée une tribune du Rassemblement cotterézien, majorité municipale, qui diffuse quelques fausses informations concernant la Ligue des droits de l’Homme et ses actions.
La volonté de notre section locale de proposer à Villers-Cotterêts des cours de français langue étrangère entre dans la défense des droits de toutes et de tous pour laquelle œuvre la LDH depuis plus de 120 ans. Le maire de Villers-Cotterêts s’oppose à ce que ces cours soient donnés à la médiathèque sous des prétextes obscurs mais dont les motivations, telles qu’il les a exprimées auprès d’un journaliste de l’Union, sont politiques.
Pourtant les cours d’alphabétisation entrent dans les missions d’une médiathèque. Le manifeste de la bibliothèque publique publié en 1994 par l’UNESCO affirme ses missions et parmi elle le soutien aux activités d’alphabétisation destinées à tous les groupes d’âge. Par ailleurs, le code de déontologie des bibliothécaires impose l’accueil de tous les publics et une égalité de traitement ainsi que la mise à disposition de l’ensemble des ressources qui favorisent les activités répondant à ces missions. Ce code affirme aussi que la bibliothèque doit être ouverte, tolérante, conviviale et laïque et que « le personnel des bibliothèques veille à ne pas céder aux groupes de pressions politiques, religieux, idéologiques, syndicaux, sociaux qui essaieraient d’influer sur les politiques documentaires et de service par imposition forcée, interdiction ou intimidation, directement ou par le biais de la collectivité ». C’est pourquoi nous nous étonnons qu’une activité d’intérêt public comme l’apprentissage de notre langue commune ne soit pas autorisée au sein de l’établissement public.
Nous regrettons aussi l’amalgame entretenu sur les « demandeurs d’asile entrés illégalement sur notre territoire », montrant que les élus ont une grande ignorance des habitants de leur ville et de leurs besoins, notamment lorsqu’il s’agit d’intégration. Il est évident que la LDH ne souhaite pas travailler avec l’extrême-droite à laquelle elle s’est toujours opposée, encore moins s’il s’agit de restreindre l’apprentissage à une certaine catégorie de personnes car un service qui contribue à l’éducation populaire doit être inconditionnel. Néanmoins l’accès de toutes et tous aux établissements publics est un droit.
La majorité municipale fait référence à la lutte contre l’illettrisme, en établissant une différence avec l’alphabétisation, or le Plan départemental de lutte contre l’illettrisme définit un cadre d’intervention qui correspond aux actions de notre section : un accueil inconditionnel, une action locale, une diversité de pratiques (du cours à la pratique théâtrale par exemple). Le département de l’Aisne a choisi de soutenir l’accompagnement des personnes en situation de fragilité linguistique avec le dispositif Facile à Lire, dispositif auquel la Médiathèque de Villers-Cotterêts pourrait aussi répondre puisque le Maire souhaite développer des actions contre l’illettrisme. Dans ce cadre, la Médiathèque pourrait accueillir les cours que propose notre section ou bien mettre en place d’autres actions.
Les cours d’alphabétisation sont d’intérêt général ; les élus devront se positionner sur ces actions d’éducation populaire et sur le respect des droits car comme le dit si bien le Rassemblement cotterézien dans sa tribune : « Que cela leur plaise ou non, il va falloir qu’ils fassent preuve d’un minimum d’honnêteté et qu’ils choisissent ! ».